Meu amigo Olyr Coorêa, também conhecido como O Gordo,
segundo o João Carlos Botezzeli, manda-me, do Rio, um artigo de dois franceses
sobre bárbaros e vândalos que estão dominando o mundo, inclusive na literatura
e no vinho, para desespero deles e do Gordo, um francófilo declarado, ao menos,
em matéria de vinho. O certo que é que os franceses, até hoje, não deglutiram o
resultado do Julgamento de Paris, onde os vinhos da Califórnia ganharam do seus
melhores produtos, numa degustação às cegas que ficou famosa no mundo do vinho.
É interessante o texto dos franceses. Ei-lo:
“Samedi 1 Novembre 2014 à 17:00 | Lu 5694 fois I 3
commentaire(s)
Alexis Lacroix et Laurent Nunez
Pour l'écrivain Alessandro Baricco, la décivilisation est
en marche, portée par des hordes de Vandales 2.0 qui déferlent sur notre
société culturelle en pleine mutation, telle une Rome moderne assiégée par la
marchandisation et la consommation de masse. Du livre au vin, rien n'échappe à
ces nouveaux barbares. Extraits.
Alessandro Baricco, comme tous les artistes, est doté
d'un sismographe. Ultrasensible et instinctif. Mais voilà : grâce à cet
instrument convoité, il sent, il pressent ce qui nous arrive. Il devine les
infléchissements invisibles de l'histoire. Il est branché sur un laser
infaillible qui lui permet de scanner la scène dérobée du devenir. Depuis ses
débuts, il redoutait, plus que la défaite de la pensée, la défaite de la
civilisation. Il a hésité, il
a tourné sept fois son stylo dans son encrier. Trop réactionnaire ? Une voix
(lévi-straussienne) le mettait en garde : « Le barbare, c'est d'abord celui qui
croit à la barbarie. »
Puis il a cessé de se laisser intimider, paralyser par
les augures, aussi lénifiants que péremptoires, du relativisme. C'était en
2007. Il frôlait la cinquantaine et publiait, dans une Italie sonnée par la
criarde démagogie berlusconienne, le petit libelle I Barbari qui paraît ces
jours-ci en France et dont nous reproduisons, aujourd'hui, de larges extraits
en exclusivité. Non sans audace provocatrice, le plus rock des écrivains
transalpins y martèle sa conviction : les barbares 2.0 innovent dans
l'interminable histoire de la décivilisation ; pis : ils constituent une de ces
mutations génétiques dans des époques mutantes. Et ce, plaide-t-il, pour une
raison très simple : nous vivons désormais dans une époque surfeuse,
désaffiliée et « ondoyante » — une société où les institutions sont faibles et
les ego, triomphants.
Dans cet univers liquéfié, que Baricco décrit en
consonance avec le sociologue Zygmunt Bauman, rien n'échappe à ce que Hannah
Arendt, avant eux, avait appelé la « consommation du monde ». Ni les livres.
Ni... le vin. Tout se mange, s'ingère, se dévore. Faut-il, en conséquence, s'affliger et tirer
l'échelle ? Se vautrer dans l'humeur apocalyptique ? En bon lecteur de
Benjamin, il veut sauver ce qui peut encore l'être. Ce désastre programmé, on
peut le déprogrammer. A lire... et à débattre.
Le roman
du XIXe siècle était pensé pour couvrir la totalité du marché disponible, il
visait tous les lecteurs possibles et, en effet, de Melville à Dumas, il les
atteignait tous. S'il nous semble aujourd'hui un produit réservé à une élite,
c'est que le terrain de jeu pour ce type d'édition, s'il était largement
ouvert, demeurait circonscrit, clos par les murs de l'analphabétisme et des
différences sociales. Mais soyons clairs : le roman s'empara de tout le terrain
disponible, et ce fut une des plus grandioses opérations commerciales de
l'histoire récente. Les lecteurs étaient peu nombreux, mais le roman les
conquit tous.
(A
présent, si vous pensez au système des livres au XVIIIe siècle, à chacun de ses
rouages, vous n'aurez pas de mal à imaginer combien, en son temps, l'irruption
du roman y fit tout exploser en imposant une logique nouvelle. Il y a des
chances que cette vieille famille élargie d'écrivains-lecteurs ait regardé avec
répugnance un commerce et une production qui mettaient des livres entre les mains
de dames peu préparées et de commis qui savaient à peine lire. Et, en effet, le
roman bourgeois naissant fut perçu comme une menace, comme un objet en soi
nocif - les médecins, bien souvent, l'interdisaient : sans doute apparut-il
comme un effondrement, comme si le geste d'écrire et de lire perdait ce qu'il
avait de plus noble. Probable qu'on y ait vu de l'avidité, un désir
effréné de succès et de gain. Ce panorama ne vous rappelle-t-il pas quelque
chose ?)
Si nous passons du monde des livres à d'autres mondes
limitrophes, je voudrais que vous essayiez de songer au moins l'espace d'un
instant que, historiquement, il n'y a jamais eu de fracture entre un produit de
qualité, d'une part, et un produit commercial, de l'autre. Tout ce que nous
considérons aujourd'hui comme un art élevé, à l'abri de la corruption
marchande, est né pour satisfaire la totalité de son public, en toute cohérence
avec une logique commerciale que les considérations artistiques freinaient peu.
L'illusion d'optique qu'engendre en nous la sensation d'un objet élitiste et
sophistiqué vient du fait que ces publics, au moins jusqu'aux années 50 du XXe
siècle, sont demeurés restreints et, de fait, élitistes. Mais ce qui les
fermait au reste du monde n'était pas tant leur choix sélectif de qualité,
c'était la réalité sociale, qui en limitait le rayon d'action aux tranches les
plus fortes de la population. Mozart composait pour la totalité du public
d'alors, quitte à aller chercher les moins riches dans les théâtres de
l'impresario Schikaneder. Et Verdi était connu de tous ceux qui pouvaient
entrer dans un théâtre ou posséder un instrument chez eux : sa musique, il
l'écrivait aussi pour le plus ignorant, le plus rustre et le plus insensible
d'entre eux. Il est évident qu'à l'intérieur de toute parabole artistique il y
a toujours eu des produits plus difficiles et des produits plus faciles, mais
cette oscillation ne veut pas dire grand-chose, quand le plus facile est signé
Rossini ou Mark Twain. C'étaient des systèmes qui, même quand ils se penchaient
sur le moins préparé de leurs spectateurs, conservaient la noblesse du geste
dans sa totalité. Et, quand ils sombraient dans la facilité pure et simple
(tout l'art que nous avons oublié ensuite), les horreurs qu'ils concoctaient
n'entamaient en rien, on l'a vu, la possibilité de cultiver les plantations
luxuriantes de produits tout à fait dignes. Même si, par avidité commerciale,
on a parfois pu donner aux gens le pire, ce système-là n'a empêché la naissance
d'aucun Verdi.
Les
saccages vus d'en haut
Ils
arrivent de partout, les barbares. Ce qui nous trouble un peu, si bien
que nous avons du mal à réunir les pièces du puzzle, à constituer une image
cohérente de l'invasion dans sa totalité. On se met à parler des grandes
librairies, des fast-foods, de la télé-réalité, de la politique à la
télévision, des jeunes qui ne lisent pas et d'autres choses de cet ordre, mais
ce que nous n'arrivons pas à faire, c'est regarder d'en haut et reconnaître le
dessin que les innombrables villages saccagés tracent à la surface du monde. Nous voyons les saccages, mais nous
ne voyons pas l'invasion. Et nous ne parvenons donc pas à la comprendre.
Croyez-moi
: c'est d'en haut qu'il faudrait regarder.
C'est
d'en haut que, peut-être, on peut reconnaître la mutation génétique,
c'est-à-dire les mouvements profonds qui causent ensuite, à la surface, les
dégâts que nous observons. Je vais essayer de le faire en isolant
certaines opérations qui me semblent communes à bon nombre des actes barbares
auxquels nous assistons depuis quelque temps. Des opérations qui suggèrent une
logique précise, bien que difficile à comprendre, et une stratégie claire, bien
qu'inédite. Je voudrais étudier ces saccages, moins pour expliquer comment
c'est arrivé et ce qu'on peut faire pour s'en sortir en restant debout, que
pour y déchiffrer la manière de penser des barbares. Et je voudrais étudier les
mutants avec leurs branchies afin de voir se refléter en eux l'eau dont ils
rêvent et qu'ils recherchent.
Partons d'une impression assez répandue, peut-être
superficielle, mais légitime : loin d'agoniser, beaucoup de gestes qui ont fait
partie pendant des années des habitudes les plus élevées de l'humanité se
multiplient aujourd'hui avec une vitalité surprenante. Le problème est que,
dans cette régénérescence fertile, ils semblent perdre le trait le plus profond
qui les caractérisait, la richesse à laquelle ils étaient arrivés dans le
passé, et peut-être même leur plus intime raison d'être. Comme s'ils vivaient
indépendamment de leur sens : celui qu'ils avaient, et bien défini, mais qui
semble être devenu inutile. Une perte de sens.
Ils
n'ont pas d'âme, les mutants. Et les barbares n'en ont pas non plus. C'est ce
qu'on dit. C'est ce qu'affirme le shérif de Cormac McCarthy en pensant à son
tueur : « Quoi dire à un type qui de son propre aveu n'a pas d'âme ? »
Pourquoi
ne pas étudier la question de plus près ? J'ai choisi trois domaines
particuliers où ce phénomène semble s'être manifesté au cours des dernières
années : le vin, le football et les livres. Je me rends bien compte que,
dans les deux premiers cas en particulier, nous ne sommes pas face à des gestes
essentiels de notre civilisation. Mais c'est précisément ce qui me plaît :
étudier les barbares à travers leur saccage des villages périphériques, pas à travers
leur assaut contre la capitale. Il est possible que là où la bataille est plus
simple, circonscrite, il soit plus facile de saisir la stratégie de l'invasion
et les gestes fondateurs de la mutation.
Commençons donc par le vin. Je sais que ceux qui baignent
dedans (pas littéralement) liront ici des choses qu'ils savent déjà, tandis que
ceux qui n'en boivent pas se demanderont pourquoi diable s'intéresser à une
chose dont eux se fichent complètement. Mais je vous demande tout de même de me
suivre.
Voici l'histoire.
Pendant des années, le vin a été une habitude dans
quelques rares pays : c'était une boisson pour se désaltérer et s'alimenter.
Usage très répandu et chiffres de consommation à faire peur. On produisait des
fleuves de mauvais vins de table et ensuite, par passion et par culture, on se
consacrait à l'art proprement dit, on faisait alors de grands vins. Il
s'agissait presque uniquement des Français et des Italiens. Dans le reste du
monde, il est bon de le rappeler, on buvait autre chose : de la bière, des
alcools forts et aussi des choses plus bizarres. Le vin, on ne savait même pas
ce que c'était.
Et voici ce qui se passa après la Seconde Guerre
mondiale. De retour des champs de bataille français et italiens, les Américains
rapportèrent chez eux (parmi bien d'autres choses) le plaisir et le souvenir du
vin. C'était une chose qui les avait frappés. Nous avons commencé à mâcher du
chewing-gum et eux à boire du vin. Ou, du moins, ils auraient bien aimé en
boire. Mais où en trouver ?
Pas de problème. Un Américain eut l'idée folle d'en
faire. Et là commence la partie intéressante de l'histoire. S'il vous faut une date, un nom et un lieu, les
voici : 1966, Oakville, Californie. Un certain M. Mondavi décide de faire du
vin pour les Américains. A sa manière, c'était un génie. Il partit avec l'idée
de copier les meilleurs vins français. Mais il comprit bien qu'il fallait les
adapter un peu au public américain : là-bas, le créateur et le spécialiste du
marketing sont une seule et même personne. C'était un pionnier, il n'avait pas
quatre générations d'artistes du vin derrière lui, et il en fit là où personne
n'avait jamais imaginé produire autre chose que des pêches et des fraises.
Autrement dit, il n'avait aucun tabou. Et, avec une certaine maestria, il
atteignit son objectif.
Il
savait que le public américain était profondément ignorant (en matière de vin).
Des aspirants lecteurs qui n'auraient jamais ouvert un livre. Il savait aussi
que c'étaient des gens qui mangeaient habituellement de façon sommaire, qu'ils
ne ressentiraient pas la brûlante nécessité de trouver le bouquet idéal pour
accompagner un confit de canard. Il se les représenta avec un bon gros
cheeseburger et une bouteille de barbaresco, et il comprit que ça ne marcherait
pas. Il comprit que, si les Américains voulaient du vin, ce serait pour le
boire avant de manger, comme un cocktail, qu'un vin bu à la place d'un alcool
fort ne devait pas les décevoir et que, s'il était bu à la place d'une bière,
il ne devait pas les effrayer. Il était américain et il savait donc, avec ce
même instinct que d'autres firent fructifier à Hollywood, que ce devait être un
vin simple et spectaculaire. Une émotion pour tout le monde. Il le savait et, à
l'évidence, il avait du talent : il voulait faire ce vin et il le fit.
Cela marcha si bien que son idée de vin fut un modèle.
Qui n'a pas de nom, mais je peux lui en donner un, pour qu'on comprenne : un
vin hollywoodien. Voici quelques-unes de ses caractéristiques : couleur
magnifique, degré assez élevé (quand on vient des alcools forts, on n'est pas
très porté sur le cidre), saveur ronde, simple, sans aspérités (pas de tanins
ennuyeux ni d'acidité difficile à dompter). A la première gorgée, tout est là :
on a une sensation de richesse immédiate, de plénitude de saveur et de parfum ;
une fois bu, peu de persistance en bouche, les effets s'éteignent ; peu
d'interférence avec la nourriture, on peut l'apprécier même en ne réveillant
ses papilles qu'avec de simples chips de comptoir ; il est fait à partir de
cépages cultivables à peu près partout, chardonnay, merlot, cabernet,
sauvignon. Manipulé sans révérence excessive, il a une personnalité plutôt
constante, où la différence entre les millésimes devient quasiment négligeable.
Et voilà.
Avec cette idée de vin, M. Mondavi et ses adeptes sont
parvenus à un résultat étonnant : les Etats-Unis boivent aujourd'hui plus de
vin que l'Europe. En trente
ans, ils ont quintuplé leur consommation (on leur souhaite d'avoir réduit celle
de whisky). Et ce n'est pas tout : car le vin hollywoodien n'est pas resté un
phénomène américain, comme Hollywood, il est devenu planétaire. Nul n'y avait
encore songé, mais voici qu'on boit du vin jusqu'au Cambodge, en Egypte, au
Mexique, au Yémen et dans des endroits encore plus impensables. Et quel vin y
boit-on ? Le vin hollywoodien. Quant à la France et à l'Italie, les deux
patries du vin, elles n'en sont pas sorties indemnes : non seulement on y boit
du vin hollywoodien en grande quantité, mais elles se sont même mises à en
produire. Elles se sont adaptées, ont corrigé deux ou trois choses et
ont fait le même genre de vin. Excellent,
même, il faut le dire. Dans les villes italiennes, il est fréquent aujourd'hui
de croiser dans les bars à vin un Italien qui, avant le dîner, grignote des
chips et du minisaucisson en buvant son verre de vin hollywoodien produit en
Sicile. Du moins ne le boit-il pas directement au goulot en regardant à
la télé la dernière partie de base-ball. Les barbares !
Um comentário:
Texto bem interessante mas perfeitamente equivocado. O autor revela um viés cultural resultante de sua ignorância. Vinhos do estilo, como ~ele chama, de Holywood decerto existem e muito: são os vinhos para largo consumo popular, e sempre existiram inclusive na França e Itália, são os "vins de clochard". Mas é totalmente injusto jogar na sarjeta os amantes de vinho, produtores, de muitros países. A paixão pelo vinho e a inteligência necessária para fazer bons verdadeiros vinhos existe por toda a parte. portanto, não há os tais bárbaros. Eu viajo por todo o mundo em congresso vitivinícolas, e encontro que os amantes de vinho estão por toda a parte... inclusive no Brasil, que produz bons vinhos.
Jorge Ducati
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